Le Dictateur
(The Great Dictator)
Le tournage du Dictateur débute aux Etats-Unis le 9 septembre 1939, soit huit jours après l'invasion de la Pologne par les Nazis et six jours après la déclaration de guerre de la Grande-Bretagne et de la France à l'Allemagne.
Dans le pays imaginaire de Tomanie le dictateur Hynkel [Charles Chaplin] règne d'une main de fer. Orgueilleux, hystérique et plein de haine, il fait part dans ses discours de sa volonté « d'aryaniser » le monde et de se débarrasser du peuple juif.
Alors que les juifs sont enfermés dans des ghettos, un barbier vétéran de la première guerre mondiale [Charles Chaplin lui aussi]se réveille après des années de coma. Sans rien savoir des changements de comportement à l'égard des juifs, il reprend son travail et s'offusque du comportement de la police à son égard. Arrêté, il se retrouve en camp de travail avec un ancien fidèle de Hynkel, le commandant Schultz [Reginald Gardiner]. Grâce à l'ingéniosité de ce dernier, les deux hommes parviennent à s'échapper ; cependant le barbier ressemble étrangement au dictateur, à tel point que des soldats les confondent et le conduisent à un rassemblent pour qu'il y fasse un discours. Ce qui est attendu prendra finalement la forme d’un discours de paix et d'humanité...
Le célèbre discours final du barbier :
Le Dictateur est une satire du nazisme mais aussi de toutes les sociétés totalitaires. Avec ses personnages et ses lieux à peine dissimulés (Hynkel = Hitler ; Garbitsch = Goebbels ; Herring = Göring ; Tomanie = Allemagne ; Napaloni = Mussolini ; Bacterie = Italie), ce film regorge d'allusions à l'Allemagne nazie avec, par exemple, la double croix remplaçant la svastika, les ghettos, la foule en délire à l'approche d'Hynkel et les discours raciaux à la gestuelle agitée… (Chaplin à longuement observer les discours d'Hitler pour s'imprégner au mieux de sa gestuelle). On peut également remarquer que, de manière à ne pas viser trop directement l'Allemagne, les discours d'Hynkel ainsi que certaines affiches dans les ghettos sont en espéranto, ce qui ajoute à la dimension générale du propos du film.
Malgré les pressions de la United Artists qui jugeait le film trop engagé (les Etats-Unis n'étant pas encore engagés dans la seconde guerre mondiale) le film sort aux Etats-Unis en 1940. Censuré en Europe jusqu'en 1945, on raconte qu'Hitler l'aurait vu lors d'une séance privée...
Le Dictateur n'en demeure pas moins le plus grand succès de Chaplin : une œuvre culte, à la fois drôle et tragique, avec un propos étrangement moderne.
Carole